L’ADN… Petite chose très petite, acide dĂ©soxyribonuclĂ©ique, macromolĂ©cule biologique prĂ©sente dans toutes les cellules contenant toute l’information gĂ©nĂ©tique, appelĂ©e gĂ©nome permettant le dĂ©veloppement, le fonctionnement et la reproduction des ĂŞtres vivants (wikipedia).
Quand ?
Mais c’est aussi l’Association DĂ©couverte de la Nature, crĂ©Ă©e en juillet 1981 par quelques « écolos » avant l’heure dans la petite commune de Livaie, aujourd’hui regroupĂ©e dans l’OrĂ©e d’Écouves, avec Fontenai les Louvets, St Didier sous Écouves et LonguenoĂ«, en lisière du Massif d’Écouves, entre collines boisĂ©es et vallĂ©es humides.
Pourquoi ?
1981, année de tous les espoirs, mais aussi de toutes les craintes localement, une opération de réaménagement foncier intercommunal, pour le parler commun, un « remembrement »…est projeté.
Pour certains agriculteurs-éleveurs à l’initiative de cette funeste opération, c’est le « graal », « l’open field », la modernité promise par les ingénieurs de l’instance départementale, le syndicat agricole majoritaire et la chambre consulaire représentante, on supprime les collines, on efface les zones humides, mares et rûs, on améliore la qualité du sol, on efface les contraintes, on aide les collectivités à financer la voirie rurale, que du bonheur !!! Adieu prairies naturelles, on laboure, on dénature le Bocage…
Pour ces « écolos » (de moins en moins critiqués ces temps-ci…),c’est la suppression des haies, plessis, trognes, têtards, talus, fossés et autres espaces de vie et de nidification, des chemins creux, mares et lieux humides, et par conséquent de la biodiversité de notre bocage… Permettant à la maïsiculture et à la colza-culture de s’étendre avec son cortège d’intrants industriels, atrazine (à l’époque), glyphosate et autres néonicotinoides…Dont les indicateurs sont les nitrates et phosphates présents dans l’eau superficielle ou souterraine.
C’est pourquoi, quelques habitants sensibles à la diversité de notre patrimoine naturel et (déjà ) attentifs aux dégâts commis par l’humain sur son environnement, décident de se constituer en association pour tempérer les ardeurs des « va-t-en-guerre » au nom de la croissance, de la mécanisation à outrance et de la soi-disant modernité, dont on entrevoit aujourd’hui les conséquences néfastes directes et indirectes, érosion des sols, pollution des eaux et de l’air, effets des tempêtes, disparition d’espèces d’oiseaux, d’insectes, et réduction drastique de la biodiversité, etc.
Par qui ?
Plusieurs citoyens, réunis pour cette cause commune, la protection et la reconnaissance de leur environnement, ont décidé de créer une association, l’ADN, et tel un inventaire à la Prévert, deux enseignants du secondaire, un ouvrier forestier, une infirmière, un technicien vétérinaire et élu, un agriculteur-éleveur et élu de l’époque, l’institutrice du village, ont adhéré à cette idée.
Rapidement, une trentaine d’adhérents sont recensés. Actifs et réactifs, les membres fondateurs s’engagent, l’un d’eux est nommé PQPN (personne qualifiée pour la nature) au sein de la commission de remembrement, un autre est membre élu de la commission communale de remembrement, celui qui connait le mieux la forêt met en place la première sortie-exposition mycologique, l’institutrice ouvre sa classe à une intervention de l’ADN auprès de ses élèves sensibilisés au préalable des choses de la Nature, projection de diapos, reconnaissance d’oiseaux, jeux-quiz, etc.
La présence de deux membres de l’association, « moustiques » minoritaires mais réveillant les consciences au sein des commissions, ont pu infléchir certaines décisions et permettre, ici le maintien d’un chemin de randonnées, là de préserver une haie remarquable, tout élément toujours en place, au bonheur des amoureux de la nature.
La lutte fut âpre et émaillée de qualificatifs désagréables à entendre, mais le résultat est là , des haies préservées, un réseau de chemins et une continuité que l’on appelle aujourd’hui « continuité écologique », sont toujours présentset maintenant intégrés au PLUIntercommunal grâce à une étude de l’AFFO.
Photo X : chemin préservé – tracé d’origine gallo-romaine
©
Attachés à notre environnement bocain, attentifs aux impacts sur l’environnement et modifications substantielles des paysages, abattages de haies, « coupes à blanc » forestières, non-respect des bandes enherbées le long des cours d’eau, nous continuons d’être « l’aiguillon » qui rappelle la réglementation et plus largement le respect du milieu qui nous entoure.
Comment ?
De l’expérience de reconnaissance d’éléments de la nature (oiseaux, fleurs, arbres, etc.) auprès d’élèves de l’école primaire, il ressort que les enfants du milieu rural ignorent tout ou presque de leur milieu naturel, alors que ceux des néo-ruraux sont plus au fait pour mettre un nom devant une diapo (Eh oui ! cela date…) de Geai ou de Chardonneret…
Ce constat nous incite à nous orienter vers une vulgarisation des choses de la nature accessible à tous, en utilisant les nom vernaculaires, voire locaux (patois), des usages en matière de botanique ou d’essence d’arbres, des champignons, des insectes et des animaux, puis du sol sur lequel ils évoluent (géologie, pH), et des relations entre eux dans la pyramide écologique, sans oublier l’humain qui est l’invité dans ce paradis diversifié.
Mais sans oublier l’observation du ciel, étoiles, planètes, satellites, comètes, avec les relations avec notre Terre, saisons, météo, la toponymie, etc.
Les membres fondateurs sont curieux et à l’aide de stages de toutes sortes, proposés par le PNRNM, la DIREN, mais aussi par la participation aux « États régionaux de l’environnement », à plusieurs commissions départementales, ils ont pu améliorer leurs connaissances ; les interventions extérieures de « sachants » généralistes ou spécialisés sont venues les compléter.
Mais c’est aussi sans oublier les « petites mains », qui nous rejoignent très tôt après la création de l’ADN, contributeurs passionnés et fidèles, en participant au fonctionnement (trésorerie et secrétariat).
Depuis, l’ADN s’est étoffée en interne de membres amateurs éclairés, notamment photographes, sur la plupart des thèmes qui sont proposés en sortie, et nous sommes toujours honorés d’accueillir avec convivialité des amis « sachants », qui apportent leur regard d’experts.
Puis, des randonnées pédestres de découverte généraliste et de sensibilisation à la diversité de la flore et de la faune locale sont organisées.
Au début, avec l’aide de membres de l’AFFO sur des thèmes particuliers, tels que l’ornithologie, la botanique, etc. Une balade sur un chemin devant être aboli, est organisée ; hélas ! cette sortie, fréquentée par une vingtaine de personnes n’a pu réveiller quelques consciences sur le bien-fondé de la démarche de l’ADN, ce chemin est désormais supprimé…
Randonnées pédestres de découverte sur les chemins à préserver, sensibilisation à la diversité de la flore locale, écoute des chants d’oiseaux, observation de la faune forestière, ont pu sensibiliser quelques habitants pour cautionner le bien-fondé de la démarche de l’ADN, chemins préservés aujourd’hui.
Photo X : sortie de découverte dans un chemin
© Stéphane Bouet
OĂą ?
Le Massif d’Écouves est notre terrain de prédilection, le Val d’Écouves en particulier, mais nous ne nous interdisons pas des écarts dans le Bocage Carrougien, les versants Sud et Nord d’Écouves.
Petite exception à ce périmètre géographique de prédilection, une sortie annuelle pour les adhérents est organisée dans des milieux différents, tels que les sites du grès de May, la Baie du Mt St Michel, Natura 2000, arboretum, St Léonard et ses environs, etc., prochainement La Ferrière aux Étangs, Marais du Grand Hazé, Gorges de Villiers.
Photo : Le Val d’Écouves – sortie géologie/lecture de paysage
©
Mais l’essentiel de l’activité est bien centrée sur le massif Ecouves et ses environs.
La constitution de la CDC de la Vallée du Sarthon (maintenant dissoute) a permis la reconnaissance de l’ADN et de son territoire. Les relations, tant amicales qu’en adhésion avec nos principes de protéger l’environnement avec le maire de l’époque et président de la CDC ont perduré depuis avec la municipalité de St Denis. Une subvention de fonctionnement nous est allouée annuellement, ainsi que la mise à disposition d’un local pour une contribution supportable.
Matériel, documentations, guides, panneaux didactiques et archives sont entreposés dans ce local.
La nouvelle commune de l’Orée d’Écouves reconnait également nos activités et nous alloue une subvention de fonctionnement ainsi que la mise à disposition d’une salle gratuite (hors consommables).
Combien ?
Avec 20 à 30 passionnés par sortie, beaucoup plus pour l’astronomie et la mycologie, nous accueillons et sensibilisons à la nature et l’environnement environ 500 personnes par an, avec les expositions, stands de fêtes locales, comices agricoles, marché bio, forums et festivals.
Photo X Mycologie cueillette accompagnée.
© Stéphane Bouet
Moyennant un coût d’adhésion minime (10 €/ famille), grâce au fonctionnement sur la base du bénévolat, plusieurs familles d’habitants du territoire nous ont rejoints. L’édition d’un bulletin papier annuel (bi-annuel au début) permet d’informer sur les sorties et animations (10-12/an). Plus récemment les comptes rendus de sorties avec photos, ainsi qu’un rappel en vue de la prochaine sortie, sont communiqués par internet.
Aujourd’hui, environ 150 personnes adhérentes (familles et individuels) sont originaires de l’Orée d’Écouves, des environs d’Alençon, du Nord Sarthe et de la Mayenne, et considèrent que l’ambiance est plutôt sympa, conviviale et sans a priori, où on se plaît à écouter et converser.
Une dizaine de sorties-animations sont organisĂ©es chaque annĂ©e sur diffĂ©rents thèmes (traces, ornithologie, botanique, insectes, astronomie, gĂ©ologie, mycologie, etc.). L’animation est assurĂ©e par des membres de l’ADN – – chacun a son sujet de prĂ©dilection, jusqu’à en faire une vĂ©ritable « spĂ©cialitĂ© » ! – ou par des amis de l’ADN spĂ©cialistes du domaine.
S’y ajoutent des expositions, la tenue de stands, des sorties sur demande de groupes, etc…
Quoi de neuf à l’ADN ?
Les relations de collaboration avec la CdC du Sarthon ont abouti en 2001 au financement du sentier balisé des « Basselets » à la « Cassine » à l’aide de 12 panneaux pédagogiques : oiseaux, reptiles, mais aussi anciennes activités de charbonnage, etc… :
Photo X : Sentier des Basselets Ă La Cassine
©
Ce sentier sera complété en 2021 par 4 nouveaux panneaux sur le parcours La Cassine-La Forge, également financés par la commune de St Denis sur Sarthon et l’Orée d’Écouves, en particulier sur les anciennes activités métallurgiques, sur la géologie, sur les araignées…
Mais l’évènement récent le plus marquant et correspondant bien à la philosophie de notre association, c’est la création d’un Club CPN pour enfants de 6-10 ans. CPN c’est « Comprendre et Protéger la Nature », une initiative en réseau national lancée par le journal « La Hulotte ». En effet, depuis 2019, deux adhérentes passionnées de l’ADN organisent à titre bénévole l’accueil d’une quinzaine d’enfants du territoire. C’est donc déjà la deuxième campagne que ce dispositif fonctionne, un mercredi après-midi par mois pendant l’année scolaire ; au programme, traces, petites bêtes, nichoirs, champignons, mares, etc. (« lâche les écrans et viens découvrir les merveilles qui nous entourent… »).
Photo X : Atelier de fabrication de nichoirs
Photo X : Plantation d’une haie à Livaie
© Jean Hirschler
Aujourd’hui l’ADN existe, vit et résiste dans ses objectifs de mieux faire connaître pour protéger l’environnement poursuivant ainsi ses objectifs. Et les bonnes volontés sont les bienvenues… rejoignez-nous !